Pivoine de personne.
« Vision of the void », Moca Sturio, Tapei du 18 juin au 17 juillet 2016.
Ni instrument, ni outil, la peinture pour la Tawainaise Yeh Fang devient autant effluve physique, chair spirituelle que matière de l’émotion. L’artiste parcourt les labyrinthes des fleurs, en ouvre les galeries de leur féminité, des passages inconnus, des raccourcis oubliés. Les franchir permet de progresser vers le silence. Non celui qui terrasse mais celui de la communion à travers l’espace pictural. Le vide dont parle lacréatrice n’est plus ce que le mot recouvre en français mais répond à ce qu’il signifie en latin : « vois ».
L’artiste répond aux questions qui, depuis Mondrian, Malevitch et Strzeminski, continuent à aiguiser la peinture. Entre autre son questionnement du monochrome, de la surface. Celui-ci relie toutes les périodes de son travail et de sa progression. L’« atonalité » transforme la peinture non en image mais en hantise. Une idée de non-lieu joue comme rapport dialectique entre la peinture et sa présentation. Et la « déréalisation » par effet de grisé permet l’avènement d’un lieu de l’art, toujours étrange, toujours flottant. Dans un tel acte, Yeh Fang échappe aux apories liées à une vision fondée sur la négation. S’installant au bord de terres inconnues que n’éclairent plus que de lointaines marbrures, sa peinture offre une clarté interne et errante dans un espace de nulle part mais où quelque chose a lieu entre le support et ce qui, dessus, fait mouvement.