Surfaces supports.
Stéphane Couturier, « Anaklasis » à la Galerie Particulière. Paris, du 24 novembre 2016 au 28 janvier 2017.
Stéphane Couturier est un architecte des architectures et des paysages. À travers le réalisme il franchit la frontière du réel, modifie les manifestations visibles, transforme leur perception par effets de pans. Leurs grandes portions créent ce qu’il nomme une « prolifération articulée ». La photographie se nourrit des formes et de leurs matières. L’hyperréalisme apparent crée des coupes dans le réel : il se voit en quelque sorte métamorphosé par la radicalité des prises. Les techniques hybridées de l’argentique du numérique sous couvert de précision réinventent le monde, en modifient la perspective et l’ouvrent à une forme de fiction.
L’artiste renouvelle les données structurelles urbaines et immédiates par effet d’à-plats : jaillissent des perspectives (qui n’en sont pas) inédites. Proche des théories d’un Rem Koolhaas, Couturier crée un jeu de la proximité et de la distance, de jonction et de déphasage. Par des visions panoptiques, l’urbain en ses divers types de concentrations est à la fois écrasé et relevé. Jouant sur ses mises en scènes, sur les matériaux, les couleurs, les lumières l’accent est mis sur les clivages sociaux que bons nombres des élites qui nous gouvernent veulent ignorer. Couturier à sa manière ne voudrait-il pas réveiller des consciences avant que certains égarements populistes jouent de ce qui est à la fois évident mais oublié ?
Photographie à la Une © Stéphane Couturier, série Alger, Bab-El-Oued, 2015.