Le photographe et son modèle.
Beau-livre de Torbjørn Rødland aux Éditions Mack à paraitre en novembre 2017 (128 pages, 35€).
En choisissant pour modèle et icône l’actrice et mannequin Małgosia Bela qu’il a suivi pendant 10 ans, Torbjørn Rødland a créé à la fois un journal en image, des propositions pour des commandes publicitaires, des séances de shooting mais aussi une critique des standards de représentation « commerciales » par le traitement des prises et de leur support.
Le Norvégien né en 1970 est désormais un portraitiste reconnu internationalement. Il a été exposé à la Biennale de Venise dès 1999 et 4 ans plus tard le Astrup Fearnley Museum of Modern Art lui a consacré une première rétrospective. Dans cet ensemble son modèle semble parfois une égarée magnifique mais elle ne sert pas simplement d’usinage aux fantasmes.
Dans la chaleur des déserts californiens et l’immobilité de supplices solaires des spotlights l’idée de la femme n’est plus traitée en fadaises pieuses ou érotiques. L’artiste scénarise avec précision non seulement la modèle mais le contexte et le support où son image va prendre corps. D’où de piquantes alchimies qui ne jaillissent pas forcément des vallées de l’onirisme.
Le désir n’est plus l’affaire de la photographie : elle envisage autre chose que de réduire la femme à une variété de fleur. Celle-ci n’est pas plus une brebis égarée dans un champ d’émeraude. Elle ne s’allonge pas plus dans des alcôves égrenant les syllabes pour illuminer les gueux. La maison de son être est devenue forteresse. Les ogres n’y sont plus reçus. L’image sert de vecteur pour un manque volontaire d’à-propos.
Image à la Une © Éditions Mack.