C’est là que nous vivons.
LIVRE « Tout comme unique » par Pierre Tilman chez Voix Éditions.
De Hugues dit l’indien, du e muet, du réel en haillon, du vieux graphisme en saloir, du verbe à peine qui vint bien après le monde, du père à peine OK et caveaubulaire, Pierre Tilman fait de ce qu’on dit d’eux et de ce que tout le monde pense derrière leur dos.
Il est vrai que l’artiste et écrivain montre « mal » les mots pour dire mieux. Ces montages et démontages brouillent les cartes, pipent les dés passés, faisandent les idées claires, écrasent les mégots, le spectre des phrase. Il écrit ni le vrai ni le faux mais le reste. Il devient le Méphisto fait d’aises, l’absolument pas, le zéro de conduite. Le langage n’est plus chienchien à sa mémère ou son cadavre – sinon exquis.
Tilman ramone les chansons bien douces, les Ramona pour d’autres rêves plus merveilleux. La poésie n’est plus la mélancolie du monde, son œuf dur, son manque de peau. Elle est charpie plus que bloc pour autrement dire, mécher le corpus et recevoir le corps de l’autre. Le principe féminin dormant de la langue l’auteur la réveille ou la ressuscite. Il demeure son poitrinaire. Peu importe qu’il fût et qu’il soit dans la vérité ou dans l’erreur. Dieu a envoyé un « mais si » : l’artiste n’a pas reçu son message. Mastiquant les ostensoirs admis il laisse filer l’essence des mots par l’exutoire de leurs couleurs et remodelages.
« Ce n’est pas la mère à boire » dit-il en substance. Bref il est le rough boy qui sauve ce qui peut. Il pense que le trou du logos il n’est pas question de le laper. Pour preuve : à force de souffler dans la caverne Platon lui même se fit idéaliste. Tilman reste matérialiste : flexion, fiction, piston, ça vient, ça déborde. Le violent scelle, arrache ce qui reste de gaine. Glotte en bas, ventre en haut un drôle de lait gloria fait sauter le loquet des lois.
Image à la Une © Voix Éditions.