Une femme fantastique

FILM « Une femme fantastique (Una mujer fantástica) » par Sebastián Lelio.

Sebastián Lelio nous avait régalés déjà en 2013 avec un film intimiste et fort sur la solitude de la cinquantaine. Son actrice principale Paulina Garcia – que l’on peut retrouver dans deux autres films programmés aux 13e Images Hispano-Américaines : El Presidente et La fiancée du désert – y déployait à la fois une énergie et une émotion communicatives.

Ici Marina, l’héroïne de ce film oscarisé cette année et interprétée par Daniela Vega reprend les thèmes chers au réalisateur Chilien. Tout concourt à nous faire aimer ce personnage qui va vivre et devoir lutter pour faire perdurer son drame d’amour par le combat. Transgenre et maîtresse d’un homme vieillissant elle se retrouve un jour face à la mort accidentelle de son amant. Son statut de femme aimée et différente va se heurter à la vindicte et la violence familiale du défunt. C’est pour le spectateur qui, dès le début du film, est en empathie avec le personnage, un drame et une émotion de chaque instant. Que va t-il lui arriver ? Comment pourra-t-elle surmonter les injures, les coups même et l’acceptation de sa différence par une société qui la rejette ?

 

Tout l’enjeu du film est là. Il nous dit la fragilité de notre condition quand nous ne répondons pas aux normes identitaires. Alors sa lutte devient la nôtre et le mélodrame de cette femme pourrait nous porter à la considérer comme une victime. Il n’en est rien, bien au contraire. Effondrée par la douleur d’avoir perdu celui qu’elle aimait et qui l’aimait, et comme un boxeur sonné, elle va se relever et montrer dans toute la deuxième partie du film que rien n’est perdu et qu’il faut se battre pour gagner ce combat jusqu’à une dernière scène brillante et lumineuse.

La beauté du film de Sebastián Lelio tient à la pudeur avec laquelle il traite à la fois son personnage principal et le sujet qu’il développe. Et si on ressort emballé par ce film courageux c’est parce que nous avons vécu et partagé avec son héroïne une histoire d’amour universelle.

Image à la Une © Fabula.

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