Grands ensembles glaciaux qui
grattez les nuages,
Fûtes-vous inspirés par Nemrod le chasseur,
Véritable opposant, comme disait l’adage,
Qui se bâtit un nom fait d’argile et d’aigreur.
Un chemin de bitume et des nids
de béton,
Chef-d’œuvre d’un comptable aidé d’un géomètre,
Accueillant l’ouvrier et le doux nourrisson
Qui n’aurait pas rêvé d’un tel couffin pour naître.
La banlieue qui travaille a trouvé
sa demeure.
Elle dort, elle rit, partage ses couleurs,
Amène de la vie à ces murs sans rondeurs,
Heureuse mélodie délestée de ses peurs.
Mais le temps, en tyran, va
changer son tempo.
Le quartier est souffrant, il a mal à ses tours.
Le travail qui s’éteint, et les quelques boulots
Rappellent qu’on a tué la nature alentour.
Les rides sur les murs,
maquillées à la bombe,
Ont vieilli la cité qui veut sécher ses pleurs.
L’on n’y respire plus, et en guise de tombes,
Les trottoirs endeuillés laissent germer leurs fleurs.
La jeunesse, blasée, s’invente
son langage.
On lui donne un terrain pour éduquer son corps.
Les fous rires, parfois, laissent place à la rage,
Certains gagnant leur vie grâce à l’import-export.
Je viendrai visiter les tours
de Babelwesh,
Arpentant leurs couloirs quand le loup n’y est pas,
Tenterai d’éviter d’y allumer la mèche
Quand les guetteurs, assis, demandent « qui va là » ?
Peut-être, percevrai-je, y
allant promener,
Une douce lumière avançant vers demain,
Mes tours de Babelwesh en palais transformées,
Les cultures unies vivant main dans la main.
Photographie © Laurence Chellali.